Vivrons-nous un jour d’amour des contributions et d’eau fraîche ?

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L’homme préhistorique voyant un congénère détenir un outil ou de la nourriture qui lui manquait usait soit de la force ou du troc pour l’obtenir. En se civilisant, il a troqué sa liberté contre l’assurance de mieux vivre. Dans le même temps les transactions entre les hommes se sont faites à l’aide de céréales, de grammes d’argent, d’objets en argile, de coquillages ou de graines de cacao, jusqu’aux pièces de métal officiellement frappées par les rois de l’Irak antique.

Dans l’ancienne Mésopotamie sont apparues les transactions de crédit-dette : Ces transactions étaient basées sur le fait qu’une personne pouvait obtenir quelque chose d’une autre en promettant quelque chose en retour dans le futur.

Bien plus tard, les premiers billets de banque en papier ont été créés en Chine, lorsque les pièces étaient trop lourdes pour les transporter.

Ensuite la monnaie a permis de servir d’étalon dans les échanges  entre pays.

Le capitalisme est né au XVIe siècle, grâce au calvinisme, même si, selon Max Weber, bien loin de conduire à la consommation des biens amassés, cette doctrine pousse au contraire à les épargner, tout en stimulant l’ardeur au travail de celui qui les possède, en élevant au rang de pratique religieuse l’accomplissement du labeur quotidien. L’économiste André-E. Sayous a aussi montré que le calvinisme s’était opposé au développement du capitalisme avec énergie. La limitation du taux de l’intérêt, soutenue par les pasteurs auprès des Conseils de Genève qui l’avaient introduite au début du siècle, bien loin d’avoir stimulé l’économie du capital, avait au contraire fonctionné comme un frein redoutable.
Poursuivant son analyse, Max Weber constate que l’esprit capitaliste, s’il est issu du calvinisme, a rapidement revendiqué son indépendance et s’est détaché petit à petit de la vie religieuse qui lui avait donné naissance et qui exerçait sur lui un certain frein, lui fixant des limites. Il s’est finalement à ce point émancipé de la religion qu’il s’est en fin de compte retourné contre elle pour exploiter ceux qui la pratiquent en tirant profit de l’esprit religieux des ouvriers, en spéculant sur leur résignation à la souffrance. Ainsi un nouveau rapport dominant/dominé s’est développé, basé sur le contrat social salaire contre travail, mais un salaire qui ne récompense pas justement les efforts de chacun -un des facteurs d’accroissement du capital (a)-.

Toutefois, à l’époque féodale, quand le capitalisme industriel ne dominait pas encore le monde, d’autres rapports de domination existaient, comme celui du serf vis à vis de son seigneur à qui il devait tout en échange de sa protection.

Certes les écarts de richesse sont entretenus et même développés par l’action des capitalistes, mais avant toute chose, ne faut-il pas s’attaquer aux rapports de domination qui sous-tendent toute production de richesse ?

L’alternative à l’échange de services ou de biens contre de l’argent est le partage et la coopération, qui existent largement autour de nous et dont le capitalisme ne peut pas se passer (L’image de la femme au foyer qui accueille son mari, fatigué après sa journée de travail avec une bonne soupe chaude dans une maison impeccable, en a été longtemps l’illustration). Mais partage et coopération sont systématiquement sous-estimés et réinterprétés à la lumière de l’idéologie dominante, qui s’impose à tous.
Il est vrai que le mode de production capitaliste ne peut exister dans une monde de partage et de coopération, un monde  où les rapports dominants/dominés sont exclus ; cela heurte les intérêts de ceux qui sont en position de dominants : les très riches, autrement dit les capitalistes et tous ceux qui ne se voient pas changer de système.

Ce n’est pas une idée, si géniale soit-elle, qui permet de changer un rapport social, mais la volonté de citoyens qui, en nombre croissant doivent prendre conscience des enjeux sociaux et environnementaux qui se posent désormais à nous tous, afin de « faire bouger les lignes ».

(a) Un capital peut s’accroître aussi par la plus-value qu’une entreprise dégage de son activité et la spéculation financière -d’autres ajouteront la croissance-.

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