La confiance sociale a-t-elle sa place dans les situations critiques ?

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D’après l’article de Guillaume Dezecache  « l’humain, champion de l’entraide » in revue « Cerveau et psycho », n°160 de décembre 2023

Face à la violence sous toutes ses formes (guerres, massacres, attentats, agressions sexuelles, …) dont notre monde actuel est fréquemment le témoin, nous pourrions douter que l’Homme soit né pour s’entraider.

D’abord, l’homo sapiens n’aurait pu survivre sans coopérer avec ses semblables et selon une récente étude sur le Bataclan(***), menée par Guillaume Dezecache (*) nous nous montrerions plutôt coopératifs qu’individualistes face à un danger -alors que Gustave LeBon (**) avançait, à la fin du 19e siècle ,que la foule pouvait prendre le contrôle de l’individu par un mécanisme de suggestion et de contagion ; bien que ses conclusions aient été invalidées, ses idées demeurent encore influentes-.
Selon Guillaume Dezecache, il existe : « chez l’être humain [… ] des mécanismes qui nous poussent, à un échelon comportemental simple, à chercher la proximité physique avec nos semblables lorsqu’il nous est impossible de nous soustraire à une menace, et ce afin de ”confondre” la source du danger, potentiellement comme les poissons confondent leur prédateur par leurs mouvements synchrones ».

La compréhension des réactions collectives est indispensable face à l’aggravation des risques de catastrophes, liés au bouleversement climatique, entrainant notamment une perte de ressources vitales (eau, médicaments, …).
Il est en particulier important de mieux comprendre la « confiance sociale », c’est-à-dire «la propension des individus à investir dans des interactions avec leurs semblables, le bénéfice qu’ils peuvent en retirer dépendant non seulement de leur propre façon d’agir, mais aussi du comportement et des décisions des autres ». Toutefois si elle est un atout dans des situations critiques, tiendra-t-elle le choc face à « des perturbations profondes de nos conditions de vie » ; ces dernières pourraient, selon certains scientifiques, aboutir à un  « effondrement sociétal, conséquence d’une concurrence sociale exacerbée pour accéder aux ressources vitales ». En attendant mettons «en jeu les ressorts de la confiance sociale, avec un temps d’avance, sans attendre d’être au pied du mur ».

(*) maître de conférence HD en psychologie à l’université Clermont-Auvergne (voir

(**) médecin, anthropologue, psychologue social et sociologue français qui a écrit notamment la « Psychologie des foules »

(***) les comportements d’entraide ont été trois fois plus fréquents, selon les témoignages des rescapés, que les comportements de survie individuelle ; ces derniers étant observés quand la possibilité de se sauver se présentait ou quand le danger était proche.

Cette publication a un commentaire

  1. Eric alias PJ (le Post Jockey) Jan

    Un post qui illustre bien la nécessité de (re) faire société et d’agir de façon conjointe et solidaire pour répondre à nos besoins et notamment créer de la valeur tant économique, sociale, qu’écologique

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