Actifs dormants

Les “actifs dormants” correspondent aux ressources, en grande partie inutilisées ou sous-utilisées, possédées par les différents acteurs locaux (citoyens, entreprises, associations, organismes publics, etc.) ou propres au territoire de ces mêmes acteurs. Ils recouvrent les biens matériels (matériel de bricolage, véhicules, locaux, terrains, machines à outils, etc.) et immatériels (compétences, temps et autre).

Mais une partie d’entre eux sont aussi propres au territoire : la culture, l’histoire, les paysages, les espaces naturels, les ressources naturelles, la biodiversité et autres. Nous noterons que les très nombreux déchets d’un territoire peuvent également être classés dans cette catégorie. L’essentiel de la valeur dormante des déchets réside dans leur réusage ou dans un nouvel usage restant à inventer. Or cette valeur est le plus souvent détruite par l’incinération, ou au mieux, très partiellement récupérée par le recyclage de la matière première. Ce mésusage vaut pour l’ensemble des “actifs dormants” d’un territoire dont le potentiel de création de richesse est ignoré ou largement sous-utilisé. Ce potentiel est conditionné par la capacité à les recenser et les mobiliser tout comme par les nouveaux usages qu’il serait possible d’en faire en s’appuyant sur les ressources créatives du territoire ou d’ailleurs. Les territoires sont riches et ne le savent pas ! La valeur « dormante » de ces très nombreux actifs est autant à considérer sous l’angle de la création de valeur monétaire que non monétaire de type social ou environnemental. Par exemple, lorsqu’on partage un bien avec d’autres, on réduit notre empreinte écologique et l’on crée de fait de nouveaux liens sociaux avec notre voisinage. Ce service peut aussi passer par une plateforme gratuite ou payante par laquelle on créera de valeur monétaire et/ou non monétaire.

Parmi tous ces actifs, l’un nous semble tout particulièrement essentiel : les compétences individuelles et collectives des citoyens. Un territoire est en effet formé d’un ensemble d’individus porteurs de compétences propres peu ou pas mobilisées au sein de leur territoire de vie. Nous pensons ici tout particulièrement aux étudiants pas encore rentrés dans la vie professionnelle et, plus encore, aux retraités dont les compétences mobilisées dans leur vie professionnelle sont tout d’un coup devenues inutiles, car la seule véritable forme de contribution organisée et reconnue socialement est le travail. Ces derniers privés de tout mode de contribution organisé se replient sur la sphère familiale et dans le meilleur des cas sur le monde associatif où ils trouvent plus ou moins bien matière à prolonger leur utilité sociale. Faute de réelles sollicitations, de réels terrains d’expression, une grande part de ces compétences se dissolvent et se perdent à jamais pour nos sociétés. Il en serait tout autrement si chaque territoire entreprenait de mobiliser de façon volontariste ces ressources autour d’un projet de territoire où chaque citoyen pourrait trouver sa place.

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