Les monnaies locales ou complémentaires
Les monnaies locales sont tournées vers des usages citoyens et complémentaires de la monnaie « légale » auxquels elles ne prétendent pas se substituer. Dans une fiche de référence sur ce sujet, l’association Les Colibris en donne la définition suivante : « La monnaie locale permet de construire et préserver l’intégrité d’un territoire et de s’ouvrir aux autres en échangeant ses richesses sans se mettre en danger. Le but n’est pas de concurrencer la monnaie nationale, mais de créer une monnaie complémentaire qui puisse pallier les déficiences du système monétaire actuel.»
Depuis le début des années 1980, les monnaies complémentaires se développent sur les territoires en marge des États. Les raisons présidant à leurs créations sont diverses, mais elles répondent à tout ou partie des objectifs suivants: débarrasser l’argent de ses tendances spéculatives, relocaliser l’économie sur un territoire en stimulant les échanges entre les acteurs locaux, encourager des échanges et des activités non monétisables et favoriser le lien social.
Les monnaies locales peuvent aussi être utilisées pour renforcer les échanges d’une zone géographique délimitée. Pour ce faire, certains territoires mettent en place une monnaie dite « fondante », car elle perd de sa valeur lorsqu’elle n’est pas utilisée. Une telle monnaie va en outre permettre d’accroître la responsabilisation collective des modes de consommation et, à partir d’un certain seuil d’utilisation, favoriser l’emploi local et limiter les pollutions liées au transport des consommateurs et des marchandises. Le pilotage de cet outil s’effectue sur des bases de démocratie participative en s’appuyant sur les citoyens, les entreprises, les commerces, le monde économique, les exploitations agricoles et les collectivités.
Ces monnaies alternatives peuvent être aussi très utiles en période de crise, pour se substituer au système monétaire défaillant. On les a ainsi vues apparaitre lors de grandes crises monétaires – comme en Autriche au cours des années 1930 ou plus récemment en Argentine. Dans tous les cas de figure, ces monnaies auront aussi pour effet de renforcer les liens, voire les solidarités entre les habitants d’un même territoire. C’est loin d’être accessoire, car dans ces systèmes d’échanges, « le lien compte autant que le bien ».