Pouvoir d’achat
L’équation « travail contre pouvoir d’achat » est constitutif de notre contrat social actuel. Le pouvoir d’achat se situe ainsi au centre de la logique économiste, car il enferme chacun dans la dépendance à l’argent et donc à la création de valeur monétaire.
C’est un piège duquel il est difficile de sortir, car dans notre imaginaire économique la seule façon d’accéder à un bien ou un service économique ne peut se faire que par l’argent. Dans une société exclusivement économique, le pouvoir d’achat conditionne la capacité à vivre dignement des populations les plus fragiles, mais il encourage aussi à une consommation hors de mesure bien au-delà des besoins essentiels pour les autres populations. Son augmentation est à la fois une nécessité pour les plus faibles et un encouragement à une consommation irraisonnée pour les autres. Sauf à croire à la fable de la croissance verte[1], augmenter le pouvoir d’achat revient inéluctablement à augmenter l’impact écologique de chacun. Les politiques qui prétendent en même temps réduire les injustices sociales, régler les problèmes environnementaux et augmenter notre pouvoir d’achat sont au mieux des menteurs, ou au pire des incompétents. Ce n’est pas le pouvoir d’achat qu’il faut augmenter, mais le pouvoir de chacun d’accéder à une vie bonne en nous extrayant des travers du consumérisme et de l’imaginaire d’une bonne vie dont il est porteur.
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[1] Pour sortir de cette illusion, nous vous invitons à lire le livre de Timothée Parrique, Ralentir ou périr L’économie de la décroissance (cf. Bibliographie Générale).