Pourquoi, Comment OLCC ?

Les réponses du Président

Bonjour Jean-Pascal. Tu es le président d’OLCC depuis quelques mois, comment définirais-tu OLCC en quelques mots ?

L’ambition de notre association est de développer une économie non marchande au même niveau d’importance que l’économie marchande
Nous nous inscrivons dans la quête d’une société plus sobre où le bien ne sera plus destructeur de liens, soucieuse du développement de biens communs, grâce aux contributions citoyennes non marchandes de tous les acteurs des territoires (Entreprises, Citoyens, Collectivités locales, …)

En quoi le développement de l’économie non marchande peut contribuer à relever le défi écologique ?

En faisant contrepoids à l’économie marchande, l’économie non marchande offrira de nouveaux leviers de développement déconnectés des impératifs de croissance économique. On ouvre ainsi la porte à la possibilité d’un nouveau projet de société au sein de laquelle chacun pourrait agir et vivre de façon digne sur la base de contributions plus large que la seule contribution économique marchande, ce que nous appelons les contributions citoyennes ; une société où le pouvoir de bien vivre ne serait plus dépendant du seul pouvoir d’achat.

Peux-tu nous expliquer pourquoi il est si important de diminuer l’importance du pouvoir d’achat ?

Aujourd’hui, l’économisme nous a enfermés dans une société où notre capacité à bien vivre est conditionnée à notre pouvoir d’achat, où tout tend à se marchandiser : notre accès aux biens et aux services, notre capacité à vivre dignement, sont essentiellement conditionnés par notre capital financier. Par ailleurs, un politique ne peut et ne sait agir que s’il a de l’argent. Tout ce qui n’est pas finançable n’est pas possible. Or il est possible de créer de la valeur économique, sociale et environnementale autrement que par le levier de l’économie marchande. On peut, par exemple, développer de l’ingénierie sociale créatrice de liens incitant les acteurs du territoire à plus de solidarité, plus de responsabilités, plus d’implication sociale, plus d’actions collectives concertée et auto-organisée autour de la création du bien commun … bref à plus de citoyenneté créatrice de biens et services non marchands.

Comment OLCC entend plus concrètement favoriser ce passage du pouvoir d’achat au pouvoir de bien vivre ?

Ce changement passe par une décolonisation de nos imaginaires de l’absolutisme économiste. Nous défendons les termes et les principes de ce nouvel imaginaire dans l’onglet « Comprendre » du site olcc.fr. Dans les « Notions clés » on développe une vingtaine de concepts essentiels comme la résilience, la sobriété, le territoire, les biens communs ou l’éducation. Pour comprendre l’importance et la pertinence de ce nouvel imaginaire, il nous apparait très important de donner à vivre au plus grand nombre des expériences par lesquelles on éprouvera dans notre chair l’intérêt de nouvelles formes de contributions auxquelles il ouvre. Ces dernières sont les contributions citoyennes non marchandes qu’il nous semble important, sinon essentiel, de reconnaitre, valoriser, expérimenter et développer au niveau des territoires, car elles sont potentiellement créatrices de valeur aux plans économique, social et environnemental. Ce faisant, elles permettent aussi de nous extraire, pour partie, des exigences d’une société (par trop) économiste et de répondre aux exigences de la sobriété. 

Une contribution non marchande c’est quoi ?

Les Contributions Citoyennes Non Marchandes (CCNM) renvoient à toutes les formes de contributions émanant des acteurs individuels et collectifs d’un territoire, c’est-à-dire bien entendu les citoyens, mais aussi les entreprises dans leur globalité, les associations les collectivités locales et autres.

Ces contributions pour être qualifiées de citoyennes non marchandes doivent être : spontanées, créatrices de valeurs sur les plans économiques sociaux et/ou écologiques et ne pas être rémunérées ou alors le sont très en deçà de la valeur de la contribution. 

Les contributions citoyennes non marchandes existent depuis très longtemps et ne sont pas en soi une nouveauté. La nouveauté consiste en la volonté de contribuer à leur développement massif pour favoriser l’avènement d’une société plus solidaire et de nous affranchir pour partie du mode économique, dont nous avons besoin pour passer du « pouvoir d’achat » au « pouvoir de bien vivre ».

Quelle différence faites-vous entre participation citoyenne et la contribution citoyenne ?

La participation citoyenne est un des outils de notre démocratie qui vise à créer des espaces de dialogue où peuvent s’élaborer des visions collectives. La contribution citoyenne n’est pas seulement un espace de dialogue, car elle invite à passer du dire au faire avec, elle invite à se demander en quoi et comment je peux contribuer concrètement, de façon citoyenne, au développement du bien commun et à la mise en place de modalités créatrices de valeur dans les domaines économiques, sociaux et environnementaux. Ces deux formes de contributions sont essentielles à notre démocratie, mais elles ne sont pas équivalentes. 

Comment l’association entend-elle plus concrètement développer les CCNM et plus largement l’économie non marchande  ? 

Nous entendons pour cela développer une ingénierie qui permettra de développer de façon massive et volontariste l’économie non marchande, fondée sur les contributions citoyennes, et ses modes de financement. Pour cela nous entendons : 

  • Développer et faire valoir des outils/méthodes et modes financement par lesquels on sera en mesure de développer une économie non marchande. Ils s’adressent en priorité aux élus et à leur administration, mais beaucoup d’entre eux peuvent aussi être mobilisés par d’autres acteurs du territoire. Par exemple, un hackathon sur des contributions citoyennes déployables à l’échelle d’une commune doit idéalement être mis en œuvre par des élus, mais il peut aussi être mis en œuvre par une association ou une entreprise. 
  • Rendre lisibles, inspirantes les très nombreuses contributions citoyennes mises en œuvre dans les territoires. Outre quelques exemples que nous trouvons particulièrement inspirant, vous trouverez, sur ce site des liens vers sites de collectifs comme bleu, blanc, zèbre ou démocratie ouverte, d’associations, qui ont entrepris le recensement de contributions citoyennes. Parmi les quelques contribution citoyennes remarquables que nous avons souhaité donner à voir directement, vous trouverez par exemple la fiche sur notre site, vous trouvez l’association « voisins solidaires » propose des kits pour développer les solidarités et la convivialité entre voisins. Le potentiel de développement de cette forme de contribution dont chacun perçoit intuitivement la valeur est immense, car chaque immeuble, rue ou quartier peut potentiellement s’en emparer.

Si je te demande de te projeter dans 4 ou 5 ans, comment verrais-tu OLCC ?

Dans un idéal, nous verrions bien OLCC comme l’espace de partage de pratique de référence des acteurs individuels et collectifs qui auront compris toute l’importance du développement des CCNM dans la dynamique de création de valeur de leur territoire.

Nous serons sortis de cette approche artisanale et aurons monté une base numérique de capitalisation des outils et des fiches de contribution à la fois très consultée et riche de la multiplicité des contributions spontanée des acteurs convaincus de son intérêt.

Nous aurons mis en place des modalités d’accompagnement pour le développement des CCNM qui reposeront sur solide documentation méthodologique constituée de conseils, des kits de démarrage, d’outils de communications, des modes de mises en relation avec des pairs, voire aussi sur des possibilités d’accompagnement par des consultants labellisés par OLCC. Autrement dit, nous aurons élaboré un solide fond documentaire permettant de s’engager de façon autonome dans les CCNM et aussi constitué une communauté à même de proposer des solutions d’accompagnement diversifiées à différents types d’acteurs (citoyens, élus, entreprises, …).

Nous aurons mis en place une fondation, en partie alimentée par les gains d’OLCC, en soutien au développement des CCNM.

Et pour finir, des chercheurs en sciences humaines de différents champs académiques (sociologie, économie, organisation, anthropologie, …) se seront emparés du sujet de façon élargie. Ce faisant, ils contribueront à imposer les CCNM comme des outils ou modalités indispensables au fonctionnement de nos sociétés et, plus largement, à faire régresser la prédominance de l’imaginaire économiste.

Tout cela indiquerait que l’économique tend à se ré-encaster dans le social et l’écologique et nous ne pourrions que nous en réjouir.

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