Les tiers lieux

Une nouvelle famille de lieux tout particulièrement adaptée aux exigences des nouvelles formes de contribution individuelles et collectives est en train d’émerger sur notre territoire. Ce sont les tiers-lieux. Ces lieux hybrides présentent toutes les caractéristiques d’un commun (une bien collectif, une communauté et une gouvernance partagée) et sont le plus souvent investis comme tel. Ce sont des espaces ouverts particulièrement propices au développement de l’intelligence collective et à la réinvention de notre quotidien, au sein desquels peuvent se rencontrer des acteurs issus d’univers différents. C’est aussi un cadre de confiance favorable à l’échange de biens et de savoirs où se fabrique de la compétence tout comme du capital social. C’est donc la maille à partir de laquelle le territoire pourra développer une nouvelle dynamique de transformation endogène.

Un tiers-lieu ne se décrète pas forcément, mais peut le devenir. Cela peut tout aussi bien être le café du coin, le squat d’artistes ou un espace public. Mais cela peut être aussi un lieu conçu à cet effet et qui se revendique comme tel.

Les tiers-lieux sont des espaces de travail, de rencontre, d’expérimentation de nouvelles formes de vivre ensemble, de compétences, des ressources et de créativité dans lequel se fabrique de l’innovation technique, organisationnelle et sociale sur la base des solidarités de proximité. Les valeurs de solidarités qui leur sont associées permettent des coopérations et des croisements, parfois improbables, propices à la sérendipité, c’est-à-dire aux heureux hasards et heureuses rencontres. Ils peuvent aussi dépasser le cadre d’un bâti pour s’étendre hors les murs. Un tiers-lieu peut en effet aussi s’étendre à un quartier voire à l’ensemble d’un territoire plus large. Mais dans ce cas-là, on parlera plus volontiers de living lab[1], c’est-à-dire une forme de laboratoire vivant où l’on peut expérimenter de nouveaux outils, de nouveaux usages, de nouvelles pratiques sociales et de contribution à l’échelle de la vraie vie. La nécessité et l’importance de ces tiers-espaces dans le développement du territoire est aujourd’hui pleinement reconnue. Quasi inexistants en 2010, ils sont devenus un vrai sujet au sein des politiques publiques, qui en ont fait un outil clef du développement du territoire. En août 2021, France Tiers-Lieux a remis au Premier ministre un rapport sur la dynamique du mouvement des tiers-lieux à l’échelle nationale[2]. Il confirme en tout point le fort intérêt des territoires pour ces espaces hybrides : « Longtemps méconnus, parfois négligés, les tiers-lieux apparaissent désormais comme incontournables dans nos territoires. Tant par leur nombre, qui ne cesse d’augmenter, que par leurs actions au carrefour des transitions numériques, écologiques, économiques et sociales. Il s’agit du plus large mouvement citoyen jamais observé depuis le mouvement de l’éducation populaire et les Maisons des Jeunes et de la Culture. De nombreux tiers-lieux en revendiquent d’ailleurs l’héritage. Cette croissance spectaculaire révèle de manière inédite la capacité de la société civile à construire des réponses concrètes, pragmatiques et opérationnelles aux défis du XXIème siècle. Les tiers-lieux forment des maillons essentiels à notre résilience, par le faire ensemble, par cette vitalité à toute épreuve, ancrée dans nos territoires. »

[1] ENoLL en donne la définition suivante (2011) : Écosystème ouvert porté par les usagers qui engage et motive toutes les parties prenantes, stimule le codesign et la cocréation de technologies, de produits, de services, d’innovations sociales, crée de nouveaux marchés et permet la transformation de comportements

[2] https://francetierslieux.fr/wp-content/uploads/2022/04/Synthese-Rapport-2021.pdf

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